dimanche 29 juillet 2007

ERNESTO

ERNESTO DE CALABRE

Le bar était rempli de monde ce samedi là, et la plupart des clients faisaient partie de mon fan club. Ils attendaient ma réaction mais il n’y avait pas grand-chose à dire. C’était un pauvre mec. Un moins que rien et le dérouiller n’aurait pas ajouté à mon aura. Mais je n’avais pas l’habitude de me laisser marcher sur les pieds. J’avais une réputation à défendre. Je me suis donc levé et me suis avancé vers le clochard accoudé au bar, le dos tourné. Vêtu d'un manteau miteux, le pauvre n’était certainement pas d’ici et ne pouvait savoir ce que tout le monde connaissait dans le quartier. A savoir que mon visage de boxeur, mon nez cassé et mes arcades sourcilières marquées d'anciennes et innombrables coutures ne provenaient pas de combats fair-play sur le ring mais d’une rixe qui avait mal tournée. Très très mal tourné. On avait jamais retrouvé la moindre trace de l’autre combattant et si je n’avais jamais dit le moindre mot en public quand à son destin je n’avais pas non plus fait opposition à ce qui se racontait. Qu’après avoir bataillé pendant plusieurs heures j’avais fini par avoir le dessus et que j’avais terminé le gars, mettant un terme à la carrière de Roddy le Belge, le roi de la castagne. Je n’avais pas eu besoin de révéler l’issue finale du combat car le bouche à oreille avait suffi. J’avais fini Roddy d’un direct à l’estomac qui l’avait perforé de part en part aussi sûrement qu’une balle de Magnum, lui faisant rendre ses tripes et son extrait d’acte de naissance. Il avait combattu comme un homme et était mort comme une bête, sans témoin de sa déchéance et certainement enseveli dans une quelconque clairière de la région. Voilà ce qui se disait depuis dix ans maintenant. Il se disait aussi que le combat avait été d’une férocité incroyable au vu des marques que je portais depuis sur le visage et qui me donnaient cet air si impressionnant.
Les anciens expliquaient aux plus jeunes que l’on nous avait vu disparaître tous les deux au volant de nos motos, des 125 à l’époque, mais personne ne s’était avisé de nous suivre, nous ne l’aurions pas permis. Nous avions juste dit qu'il n'en reviendrait qu'un. Il s’agissait du combat ultime, seul à seul, au corps à corps. Pieds, mains, bottes front nez, dents, ongles, tout permis sauf des armes autres que notre corps affûté. Beaucoup avaient parié sur Teddy, plus habitué à la bagarre que moi. On disait que je savais seulement faire l’athlète au stade ou au gymnase. Amuser la galerie avec ma musculature parfaite sans un poil de graisse. J’avais vingt deux ans à ce moment là et une droite superbe que je travaillais à la maison sur un punching ball, cadeau de mon père. Je ne me battais jamais dans la rue, je n’aimais pas ça. Mais attention, à l’époque déjà il ne fallait tout de même pas me chercher des noises car si j’avais pété les plombs ça aurait fait mal ! La preuve, Teddy. Il était amoureux de la même fille que moi. Une polonaise arrivée dans la ville avec un cirque romano et qui était restée cachée dans une grange assez longtemps pour que les recherches cessent et que ses compatriotes se résignent à laisser filer les revenus qu’elle ramenait avec ses fesses. Une beauté à couper le souffle que cette Mira. Un corps de rêve, un sourire à faire se lever le vent un jour de calme plat et une technique à faire jouir un poulpe desséché. Teddy voulait se la marier, moi aussi. Je disposais d’un peu d’argent que mon paternel m’avait laissé avant de se jeter du haut du pont de la gare devant un train de voyageurs lorsque ma mère était partie avec son meilleur ami. J’étais seul, beau garçon, gérant d’un petit tabac journaux tout à fait légal, et aussi fournisseur de drogueries diverses en dessous du comptoir, moins légales celles-ci. J’aimais pas trop bosser et une aide m’était nécessaire pour le faire tourner. Mira me semblait être la parfaite associée. J’avais couché avec elle pour quelques billets lorsque le cirque était encore là. Elle m’avait dit à l’oreille qu’elle l’aurait fait gratuitement si elle avait pu. Vraiment la parfaite complice, aussi faux cul que moi. J’étais sûr qu’on allait bien s’entendre. Le problème c’est qu’elle avait dit la même chose à d’autres gars, dont Teddy. Les autres n’étaient pas importants, j’avais beaucoup plus d’atouts qu’eux. Mais Teddy, c’était une autre paire de manches.
Il traînait et n’avait pas un sou, se bourrant la gueule et défonçant celle des autres, à chaque soir quelqu’un de différent. Il avait déjà fait un an de prison pour avoir estropié un pauvre paysan venu du département voisin en s’acharnant sur sa jambe qu’il avait brisé en vingt endroits. Tout cela parce que l’autre lui avait fait un croche pied, par inadvertance. L’alcool ingurgité en excuse et un avocat commis d’office mais aux dents longues lui permirent de ne pas prendre plus mais cela ne l’avait pas calmé pour autant, si ce n’est qu’il ne se battait plus en public. A part ça il était presque plus beau que moi, du moins avant notre bagarre. Depuis j’avais plus la même gueule et lui n’avait jamais réapparu pour comparer. Et il risquait pas de revenir. Il m'avait provoqué ce jour là, me proposant de jouer Mira aux poings. Le ton était monté jusqu'à se promettre un combat à mort et il avait perdu. J’avais ainsi pu épouser Mira qui avait l'air de se moquer de mon nouvel aspect physique et préférer ma tune et elle m’avait donné en échange deux enfants. Elle s’occupait du magasin pendant que je tapais le carton avec mes potes et dealait à mon petit niveau. Juste pour me payer des vacances au soleil deux fois par an et du matériel Hi-fi dernier cri. J’étais la mascotte du Café de la Paix et dès que j’élevais la voix, tout le monde la fermait et m’obéissait. Je n’avais jamais quitté la ville et l’on me respectait. J’étais celui qui avait niqué Teddy le Belge.
Et voilà qu’à présent, alors que je me tenais peinard en ce début d’après-midi, j’avais entendu dans mon dos Robert dire à son frère.
– Tu n’as qu’à demander à Ernesto, lui te dira comment faire.
Ernesto, c’est moi. Ernesto Galvi, d’origine calabraise mais n’ayant jamais foutu les pieds en Italie. Que des voleurs là-bas. Le frère de Robert avait un problème avec un jeune de la cité des Chaumettes au sud de la ville. L’autre le rackettait à la sortie des cours et lui avait déjà soutiré deux cent euros.
– Tu lui laisses pas placer une phrase, conseillais-je au gamin qui avait arrêté sa partie de flipper et me regardait l’air un peu gêné. Tu l’allumes aussitôt d’un bon coup de boule ou d’un coup de pied dans les couilles et puis t’enchaîne avec un crochet au foie et tu le finis à coup de lattes. Tu le laisses surtout pas se relever. Il faut jamais les laisser se relever.
C’est à ce moment que l’homme qui se tenait au bout du comptoir avait éclaté de rire. Ses larges épaules étaient secouées de hoquets tellement il riait mais malgré son aspect poids lourd je n’étais pas décidé à laisser passer un tel affront.
– Qu’est-ce qu’il y a mec, t’as un problème ? dis-je d’un ton dur.
Un silence se fit dans le bar. Je vis Raymond le tenancier virer au blanc et Olga la pute de service se barrer en loucedé. La quinzaine de consommateurs plongea le nez dans son verre sans cependant cesser de me zieuter de biais.
Le rire du gars n’avait pas cessé alors je me suis levé. J’avais pris un peu d’âge mais je continuais la musculation et à part deux petites poignées d’amour à la taille, je n’avais rien perdu de mon aspect imposant. Un rocher de granit, disait Mira lorsque je lui montais dessus. Ce qui ne l’empêchait pas de me faire chier plus souvent qu’à son tour. Elle avait un caractère de cochon. Mais au moins elle travaillait dur. Je pense qu’elle piquait un peu dans la caisse et mettait de la tune de côté mais pourquoi pas, moi non plus je ne lui révélais pas tout de mes sources de revenus.
Je m’arrêtais un mètre derrière l’homme. Les autres picoleurs s'étaient écartés de lui mais il se retournait toujours pas. Je me dis qu’il n’osait pas et commençait à réfléchir à sa bourde. En général ils prenaient peur quand ils étaient face à moi. Ma tête faisait penser à une bataille de romains contre les wisigoths. Rude et sans pitié. Mon nez ressemblait à l’escalier pour monter au ciel ou bien descendre en enfer et mes petits yeux noirs exprimaient tout le mal qu’on y trouverait. J’étais une vraie saloperie pour qui essaierait de s’y frotter et pas une fois depuis mon altercation avec Teddy on ne s’y était risqué. Il y avait toujours quelqu’un pour prévenir le prétendant à la branlée et celui-ci abandonnait avant la castagne. Ou bien il était trop bourré et un jeune du coin lui pétait la tronche pour se mettre en valeur devant moi. Mais en général la vue de mon visage suffisait à couper court à l’altercation. Elle racontait mon histoire dans ses crevasses et cicatrices et l’on pouvait facilement imaginer qu’il devait y avoir pas mal de cadavres à pourrir dans mes rides. C’est comme ça chez les brutes, en général ils sentent par instinct quand ils tombent sur pire qu’eux. Ce ne fut pas le cas du mec au comptoir. Il finit par se retourner, ricanant toujours et dit :
– Et bah ça alors, à voir ta gueule on dirait que t’es passé sous un train.
Un murmure de désapprobation s’éleva dans le bar. Pas trop pour ma gueule, j’en riais souvent moi-même avec les amis, mais en souvenir de mon père coupé en deux par le TGV.
– Laisse, dis-je à André qui s’était levé et tenait sa canette par le goulot, prêt à foncer.
J’avais interdit la bagarre dans le café. Les gars qui désiraient en venir aux mains allaient dehors et de préférence au fond d’une impasse sombre à cent mètres du bar. Là-bas on faisait ce qu’on voulait, personne n’était autorisé à aller voir. Pas de témoin, c’était ma règle, celle que j’avais mise en place depuis la disparition de Teddy. Du coup le Bar de la Paix portait bien son nom et était le plus tranquille de la ville.
Le gars avait une barbe qui lui mangeait le visage, une peau parcheminée à force d’avoir été apparemment cuite au soleil, des cheveux longs et sales, mal peignés, qui lui tombaient dans les yeux et des dents lui manquaient sur le devant de la mâchoire. Les autres étaient noires. Il souriait d’un air bizarre, comme amusé par la situation. Pas du tout impressionné par ma tronche. Je me tenais pourtant à un mètre de lui.
– J’suis de bonne humeur aujourd’hui, lui dis-je. Alors tu te casses et que je te revoie jamais plus ici.
– Je veux bien m’barrer dit-il en exhibant un trou énorme entre ses canines. Mais tu sors avec moi, mon chéri. Un beau gars comme toi, je me l’enfilerai bien.
Les bouches des potes béèrent. Voilà, ça y était, il allait falloir que je remette ça, dix ans après. Ce con avait dépassé les bornes. Que j’accepte que l’on dise que j’avais une sale gueule n’était pas bien grave mais vouloir m’enfiler, impossible à laisser passer. Le silence était total, les souffles en suspension, les cartes frissonnaient entre les doigts des joueurs en attente d’être claquées sur la table, les bières et cafés attendaient sur le comptoir de se réchauffer ou de refroidir. Je remarquais le verre qu’il y avait devant le gars. Un verre à vin rempli de café noir avec un glaçon dedans.
Du coup, ce fut moi qui devint glaçon.
– Allons-y, dis-je sans laisser percer ma surprise. On va s'la donner au fond de l'impasse, c'est à cent mètres.
– Du calme ma biche, j’ai pas fini mon café ; t’as qu’à partir devant, je te collerai au train, fit-il en souriant toujours puis il me tourna le dos.
Je roulais des épaules sous mon polo, contractais mes mâchoires mais restais calme et apaisais le taulier d’un geste de la main. Celui-ci avait encore changé de couleur et virait verdâtre comme les cuivres de sa vieille machine à café. Il avait peur pour son rade acheté trois ans auparavant avec la réputation de ne plus jamais être dévasté par les rixes entre poivrots ou bandes du quartier. Il n’y avait pas de raison que cela se reproduise. C’est moi-même qui avais instauré la règle. Je la respecterais.
– Je préfère t’attendre et voir ton petit cul frétiller avant de te le défoncer à coups de lattes et d’y enfoncer un manche de pioche, répondis-je en souriant à mon tour.
Sauf qu'étant donné la forme de ma bouche jamais totalement remise, mon sourire ressemblait plutôt à une gueule de pitbull prêt à mordre. Quelques uns rirent dans l’assemblée. L’autre gloussa et but son café à petites gorgées puis il dit "c'est bon" et nous sortîmes tous les deux. Il avançait les mains dans les poches et nous ressemblions à deux collègues de bureau retournant au boulot tandis que dans notre dos s’échangeaient les paris. J’étais évidemment favori mais je découvris néanmoins que quelques personnes ne me soutenaient pas. Il était temps de remettre les pendules à l’heure. J’adressais un clin d’œil à mes fans, leur enjoignant d’un geste de ne surtout pas nous suivre. Ils en mourraient d’envie mais il n’en était pas question. Je leur raconterai. Nous marchions côté à côte en silence, lui aussi grand que moi, aussi baraqué mais bien moins correctement habillé. Ses pantalons étaient élimés et ses pompes trouées au bout. Son manteau était déchiré à plusieurs endroits. Un pauvre bougre à qui j’aurais laissé une dernière chance de s’en sortir s'il n'avait parlé de m'enfiler. Cependant le froid qui m’avait envahi en le voyant boire son café n’avait pas disparu et je passais au congélateur dès que nous eûmes tourné au coin de l’impasse.
– Comment va Mira ? dit-il en sortant les mains de ses poches. Je lui manque pas trop ?
C’était bien lui. Teddy était revenu.
– Enfoiré, jamais tu ne devais refoutre les pieds ici, dis-je en gueulant, mais pas assez fort pour qu’on m’entende alentour.
– Que veux-tu ? La vie, ça va ça vient.
J’aurais dû lui défoncer la gueule, lui faire tomber ses dernières dents valides, lui briser le corps et les côtes. Mais comme dix ans auparavant la peur m’avait envahi. Elle bouffait tout sur son passage, la moindre once de courage comme le moindre gramme d’amour propre.
– Qu’est-ce que t’es venu faire ?
– Reprendre la place qui me revient.
Je serrais les dents.
– T'as plus ta place ici, plus personne ne te connaît. Tu as bien vu. Tu ne présentes plus aucun intérêt pour personne.
– Et si je racontais tout ?
– On ne te croira pas. Je suis devenu une légende et toi t'es mort, t'as disparu. C'est moi qu'on écoutera.
Il rit plus fort encore que dans le bar et je jetais un œil derrière moi.
– Ne t’inquiète pas. Je n’ai pas l’intention de rester dans ce trou à merde. J’en ai assez vu des comme ça ces derniers temps et il chlingue encore plus qu’avant. J’ai bien fait de me casser, va. Bon, je passerai chez toi ce soir. Démerde-toi pour me trouver 3000 euros. Il faut que je me tire d’ici rapidement.
– Je les ai pas.
– Tant pis, je demanderai à Mira.
– Si tu t’approches d’elle, je te tue.
Il sourit et m’exhiba ses dents pleines de caries. Il n’avait pas vraiment profité de sa chance mais il avait conservé la même sauvagerie dans les yeux. Peut-être plus encore. Oui, certainement plus.
– Tu as envie de reprendre une rouste comme y a dix ans ? fit-il d'un ton suave. Tu veux encore me supplier à genoux pour que je te laisse la place libre et la vie sauve ? Ou bien c'est le souvenir de la petite pipe que tu m'as faîte à la fin qui te motive ?
J'avais les mains moites J'avalais ma salive. J'en avais pas. Je ne dis rien. Il écarta les bras du corps. Les coutures de son manteau pourri craquaient sous la pression de ses muscles tendus.
– D'accord, ajouta-t-il, si c'est ce que tu veux. Mais je te préviens, ce coup-ci tout le monde le saura.
J'avais les traits tellement tirés que j'en aurais pleuré. Il continua.
– Merde j’suis raisonnable, non ? 3000 euros c’est pas le bout du monde. Bien moins que ce que tu m’as filé à l’époque pour que je me casse. Réfléchis une seconde. Tu paies et comme ça tu gardes ta légende intacte, toi Ernesto le costaud, le héros des petits branleurs alors que tu n’as même pas osé me tirer un pain ce jour là. T’es qu’une pauvre fiotte. Tu le sais bien non ? Alors paie ou sinon je défonce un peu plus ta sale gueule et ensuite je vais voir ta femme. Sans doute aussi que je la baiserais en plus.
J'allais sauter sur lui mais son regard de fauve m'arrêta. Il attendait que ça. Je pointais l'index vers lui.
– N’approche pas d’elle, il se pourrait bien que j’ai changé pendant ton absence, le menaçais-je sans cependant bouger.
Il fit craquer ses doigts comme si c’était mes vertèbres.
– Putain c'est pas vrai, tu veux vraiment que je te ravale à nouveau la façade ? T'as aimé ça ou quoi ?
Je repensais à Mira et son respect pour moi, mes amis, mon autorité reconnue. Je repensais aussi aux quinze jours à l'hôpital après la branlée et les visites de tous, leurs regards admiratifs sur ce corps couché et éclaté mais vivant. Et la douleur aussi. J'aurais aimé lui tirer un pain, ne serait-ce qu'un. Je tentais d'ordonner à mon corps de se mettre en branle. Ma tête ne m'écouta pas, se contentant de commander aux vannes pour que je me mette à puer la transpiration. Alors je dis :
– Passe à neuf heures précises au coin de la Grande Rue, j’aurai l’argent. Mais après tu te tires et il n’y aura pas d’autre fois, c’est compris ? Si tu reviens, cette fois-ci j'achète un flingue et je te tire dessus.
– Et bien voilà, c'était pas si compliqué. Allez, pour te montrer ma reconnaissance, je vais te faire un petit cadeau.
Il partit en courant, se tenant le visage dans les mains et lorsqu'il émergea de l'impasse il s'arrêta une seconde, se retourna vers moi et cria "espèce d'enfoiré, tu m'as pété le nez". Puis il disparut dans l’avenue sans demander son reste. Lorsque je retournais au café, je les trouvais tous sur le trottoir. Certains, la tête basse, donnaient des billets à ceux qui avaient parié sur moi. Les yeux de mes supporters brillaient de fierté respectueuse et ils me laissèrent passer en me faisant une haie d'honneur. Je rentrais dans le bar et payais une tournée générale puis je m’éclipsais. La banque fermait de bonne heure.


Publié dans la revue Ligne Noire en 2004

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